Francesca Albanese enflamme Johannesburg à l’invitation Mandela

Jean-Baptiste Ngoma
5 mn de lecture

Ce qu’il faut retenir

Johannesburg a accueilli 3 500 personnes pour écouter Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU sur les territoires palestiniens occupés. Invitée par la Fondation Nelson Mandela, elle succède à Barack Obama, Desmond Tutu, Bill Gates et Malala Yousafzai. Son plaidoyer a ravivé l’engagement sud-africain, à l’heure où Pretoria poursuit son action pour génocide contre Israël devant la Cour pénale internationale.

Contexte sud-africain de solidarité palestinienne

L’Afrique du Sud revendique, depuis la fin de l’apartheid, un devoir moral envers les peuples privés d’autodétermination. Ce fil rouge transparaît dans la plainte déposée à La Haye et, désormais, dans l’invitation adressée à Francesca Albanese par la Fondation Nelson Mandela.

Pour l’institution, la conférence annuelle est un baromètre mondial de l’engagement pour la justice sociale. Choisir Albanese en 2025 renforce la continuité entre la lutte anticoloniale sud-africaine et la cause palestinienne, deux récits souvent connectés dans l’opinion publique locale.

Calendrier de la visite

La prise de parole a eu lieu le samedi 25 octobre 2025 au cœur de Johannesburg. Face à l’affluence, le lieu a été déplacé à plusieurs reprises pour atteindre une jauge inédite de 3 500 sièges. La tournée d’Albanese se poursuit au Cap, où elle dévoilera son dernier rapport sur les territoires palestiniens occupés.

Acteurs clés et motifs d’engouement

Francesca Albanese incarne la vigilance onusienne sur Gaza. La Fondation Nelson Mandela, gardienne de l’héritage de « Madiba », orchestre la mobilisation. Zair, simple citoyen, résume la ferveur : « Nelson Mandela défendait l’égalité, la justice et la résistance ». Pour Mia Swart, juriste, la présence physique d’Albanese « importe énormément » à un public souvent éloigné des grands forums internationaux.

Une salle remplie de keffiehs

Dès l’ouverture, les keffiehs et drapeaux palestiniens coloraient l’assemblée. Les changements de site, décidés pour des raisons logistiques, attestent d’une attente populaire dépassant les cercles militants habituels. Le public, composé de familles, universitaires et jeunes activistes, voyait dans l’événement une traduction concrète de la diplomatie citoyenne sud-africaine.

La force des mots d’Albanese

Au pupitre, la rapporteuse a décrit « une situation apocalyptique » à Gaza, deux ans après le début du « génocide », malgré un cessez-le-feu. Elle a dénoncé des « souffrances atroces, généralisées, systémiques et intentionnelles ». Sa rhétorique, à la fois juridique et empathique, a provoqué silence puis applaudissements, scellant un pacte moral entre la tribune et la salle.

Johannesburg, caisse de résonance diplomatique

En relayant la voix d’Albanese, Johannesburg rappelle qu’une capitale africaine peut servir de forum d’opinion mondiale. La Fondation Mandela, forte d’orateurs prestigieux depuis 2003, se positionne comme une plate-forme hors chancelleries, capable d’influencer perceptions publiques et récits médiatiques.

Cette stratégie d’influence soft power nourrit le rôle de l’Afrique du Sud dans les débats multilatéraux, sans passer par les canaux intergouvernementaux classiques.

Voix juridique vers La Haye

La plainte sud-africaine déposée devant la Cour pénale internationale trouve dans l’allocution d’Albanese un écho complémentaire. Le discours public, galvanisé par l’événement, pourrait légitimer la démarche de Pretoria. Les 3 500 spectateurs deviennent autant de relais, maintenant la pression sociétale sur les autorités pour qu’elles poursuivent leur offensive judiciaire.

Dissonances émotionnelles et unitaires

L’assemblée est passée de la ferveur au recueillement quand la rapporteuse a détaillé le quotidien gazaoui. Cet arc émotionnel illustre l’oscillation permanente entre mobilisation et compassion qui caractérise la solidarité sud-africaine. Un moment d’unité nationale s’est dessiné autour des valeurs héritées de Mandela.

Étape du Cap et horizon du rapport

À la suite de Johannesburg, Francesca Albanese présentera son nouveau rapport au Cap. Ce document, attendu par les ONG et universitaires, consolidera l’argumentaire juridique sur les violations constatées. L’étape capetonienne prolongera l’attention médiatique et académique, ancrant durablement la question palestinienne dans le débat sud-africain.

Scénarios de répercussion régionale

À court terme, la rencontre conforte l’Afrique du Sud dans son rôle de porte-voix du Sud global sur la Palestine. À moyen terme, les conclusions du rapport, relayées depuis Le Cap, pourraient alimenter de nouvelles mobilisations continentales. Enfin, la popularité de la Fondation Mandela comme forum pourrait attirer d’autres voix critiques d’ici la prochaine conférence annuelle.

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Jean-Baptiste Ngoma est éditorialiste économique. Diplômé en économie appliquée, il suit les grandes tendances du commerce intra-africain, les réformes structurelles, les dynamiques des zones de libre-échange et les flux d’investissements stratégiques. Il décrypte les enjeux macroéconomiques dans une perspective diplomatique et continentale.