JUBA — Une réorganisation d’ampleur frappe les cercles dirigeants du Soudan du Sud, à la suite d’une série de décrets présidentiels annoncés lundi soir par le Président Salva Kiir Mayardit. Plusieurs responsables de haut rang, issus du gouvernement, des services sécuritaires et du Bureau de la Présidence, ont été relevés de leurs fonctions et remplacés.
La décision, diffusée en direct sur SSBC puis relayée massivement sur les réseaux sociaux, intervient dans un contexte où des inquiétudes publiques croissantes se font entendre concernant la gestion des ressources nationales, en particulier dans les domaines budgétaire et pétrolier.
Ces changements interviennent également alors que les milieux politiques et diplomatiques évoquent, depuis plusieurs semaines, des allégations de mauvaise gouvernance, de contrats opaques et d’enrichissement illicite au sommet de l’État.
Les principaux ajustements annoncés sont les suivants :
Manut Yel Biar, Conseiller présidentiel pour la Sécurité nationale, est remplacé par Tut Gatluak Manime, figure influente des médiations régionales.
Athian Ding Athian, Ministre des Finances, est relevé de ses fonctions au moment où des voix appellent à un audit renforcé de la gestion du budget national. Il est remplacé par le Dr. Bak Barnaba Chol.
Amb. Chol Mawut Ajonga, Ministre des Affaires présidentielles, est remplacé par Africano Mande Gidema, ce qui suggère un recentrage de l’appareil administratif autour de la Présidence.
Ing. Deng Lual Wol, Secrétaire général adjoint au ministère du Pétrole, est démis, tandis que des interrogations persistent quant à la traçabilité de certains revenus pétroliers. Il est remplacé par le Dr. Chol Thon Abel.
Amb. Ajiing Deng Ajiing, Directeur exécutif du Bureau du Président, est relevé, et Deng Wal Achien reprend la fonction.
Maj. Valentino Baak Makuei, Commandant de la division présidentielle Tiger, est remplacé par le Lt. Gen. Phillip Nyon Nyon, dans un contexte de réévaluation des équilibres sécuritaires internes.
Amb. Rita Kiden Lutua est nommée Ambassadrice du Soudan du Sud au Rwanda, renforçant la représentation diplomatique régionale.
Pour l’heure, aucune déclaration officielle n’a été faite concernant les motifs précis de ces décisions.
Cependant, plusieurs observateurs régionaux et analystes politiques estiment que ces remaniements pourraient être liés à la montée des préoccupations publiques concernant la gouvernance financière du pays.
Depuis plusieurs semaines, des organisations de la société civile, des parlementaires et des partenaires internationaux appellent à davantage de transparence dans la gestion des ressources publiques.
Des soupçons persistants de corruption, de détournements de fonds et de disparition de revenus pétroliers circulent avec insistance, en particulier concernant la répartition des recettes issues des exportations de brut et la chaîne de décision au sein du ministère du Pétrole et du ministère des Finances.
Dans ce contexte, certains observateurs interprètent ces limogeages comme une tentative de désamorcer la pression populaire, de répondre aux interrogations croissantes sur l’« opacité budgétaire », ou encore de prévenir l’ouverture d’enquêtes internes ou internationales susceptibles de mettre en lumière des responsabilités politiques sensibles.

