Ce qu’il faut retenir
Le gouvernement tchadien et la fondation African Parks ont annoncé un retour à la coopération pour la gestion déléguée de Zakouma National Park et de l’Ennedi Natural and Cultural Reserve. La décision intervient douze jours après la dénonciation officielle du protocole du 6 octobre pour « manquements » dans la lutte contre le braconnage.
- Ce qu’il faut retenir
- Contexte et revirement express
- Acteurs clés de la négociation
- Une diplomatie de conservation sous tension
- Zakouma : symbole national et vitrine internationale
- Ennedi : patrimoine mixte désertique
- Calendrier des prochains accords
- Précédent en République du Congo
- Scénarios pour la diplomatie environnementale sahélienne
- Regards croisés des communautés locales
- Un modèle appelé à évoluer
Contexte et revirement express
Le 6 octobre, N’Djamena coupait les ponts en accusant l’ONG, active depuis quinze ans dans ses aires protégées, de résultats insuffisants contre la criminalité faunique et d’une attitude jugée « arrogante ». Cette dénonciation éclair surprenait les bailleurs qui saluent habituellement les performances de Zakouma en matière de sécurisation des éléphants.
Acteurs clés de la négociation
African Parks, créée en 2000, cogère aujourd’hui vingt parcs dans douze pays africains. Son conseil d’administration compte le prince Harry, ancien président de l’organisation, gage de visibilité internationale. Côté tchadien, le ministère de l’Environnement a mené les tractations, réaffirmant la souveraineté nationale sur les ressources tout en recherchant une expertise technique et financière éprouvée.
Une diplomatie de conservation sous tension
Le bref divorce a mis au jour l’équilibre précaire entre mandat de protection et attentes étatiques : exigences de retombées locales, transfert de compétences et respect des autorités. Les critiques du Tchad soulignaient notamment un « déficit d’investissements », comme si la financiarisation de la conservation créait des zones d’ombre sur la répartition des bénéfices touristiques.
Zakouma : symbole national et vitrine internationale
Classé depuis 1963, Zakouma est passé de bastion du braconnage à refuge d’éléphants grâce à une militarisation ciblée et au suivi communautaire instaurés depuis 2010. L’aire protégée génère aujourd’hui un récit de succès pour le Tchad, qui y voit un levier de soft power écologique dans un Sahel souvent associé aux crises sécuritaires.
Ennedi : patrimoine mixte désertique
Inscrite sur la Liste Indicative de l’UNESCO, l’Ennedi Natural and Cultural Reserve conjugue archéologie rupestre et biodiversité saharienne. Sa cogestion depuis 2018 par African Parks vise autant la réintroduction d’espèces disparues que la préservation de sites culturels, cœur de l’identité des communautés nomades locales.
Calendrier des prochains accords
Selon le communiqué conjoint, l’ONG restera mobilisée jusqu’à la signature de nouvelles conventions, sans date précisée. Les discussions portent sur la consolidation du financement, la répartition des responsabilités sécuritaires et l’élargissement éventuel à d’autres projets fauniques. Les parties affichent un « esprit de dialogue et de coopération » pour éviter tout nouveau faux pas.
Précédent en République du Congo
En début d’année, African Parks a admis que des agents opérant dans un parc de la République du Congo avaient commis des abus envers des riverains. L’organisation, tout en reconnaissant les faits, n’a pas publié le rapport indépendant correspondant. Cet épisode rappelle que la gouvernance des aires protégées reste soumise à une vigilance sociale accrue sur l’ensemble du continent.
Scénarios pour la diplomatie environnementale sahélienne
La réhabilitation d’African Parks apparaît comme un signal positif envoyé aux partenaires techniques et financiers du Tchad. Elle pourrait encourager d’autres États sahéliens à formaliser ou à renforcer des modèles de gestion déléguée, à condition d’inscrire la transparence, la reddition de comptes et l’inclusion communautaire au centre des dispositifs.
Regards croisés des communautés locales
Dans les villages limitrophes, certains voient le retour de l’ONG comme une garantie de stabilité économique via l’emploi et un tourisme naissant. D’autres redoutent que l’approche sécuritaire ne restreigne l’accès traditionnel aux pâturages. Le succès du nouveau cycle dépendra de la capacité à conjuguer conservation stricte et développement partagé.
Un modèle appelé à évoluer
Le directeur général d’African Parks, Peter Fearnhead, estime que le compromis obtenu « pose les bases d’une protection durable des paysages extraordinaires tchadiens ». Derrière l’optimisme affiché, les deux partenaires devront innover dans la gouvernance pour transformer cette reprise in extremis en référence continentale, tant en matière de biodiversité que de diplomatie verte.

