Ce qu’il faut retenir
Washington a accueilli le 14 octobre le tout premier Forum RDC-États-Unis consacré à l’investissement. Autour de la Première ministre Judith Suminwa, huit ministres et des conseillers de la présidence ont plaidé la cause congolaise. Kinshasa vise à convertir le vif intérêt américain pour le cuivre, le cobalt et le zinc en capitaux frais et en emplois locaux.
Contexte : un sous-sol stratégique
Depuis juillet, Kobold Metals dispose de sept permis d’exploration dans le Haut-Lomami et le Tanganyika. À Washington, les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba ont pris le devant de la scène. Elles concentrent une part décisive des réserves mondiales de minerais critiques recherchés par l’industrie nord-américaine des batteries et de la transition énergétique.
Calendrier des nouveaux projets
Le protocole d’entente signé avec Hydro-Link prévoit qu’en 2029, une ligne haute tension de plus de 1 200 kilomètres reliera l’Angola aux bassins miniers congolais. L’ouvrage devra injecter environ 1 200 mégawatts supplémentaires, condition sine qua non pour raffiner sur place le minerai plutôt que de l’expédier brut vers les ports asiatiques.
Acteurs et équilibres de pouvoir
Au-delà de la délégation officielle, le forum a mobilisé des fonds spécialisés et des majors minières américaines soucieuses de sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement. Pour Judith Suminwa, l’enjeu consiste à traduire cet engouement en investissements mesurables tout en montrant que l’exécutif congolais garde la haute main sur la gouvernance des ressources.
Diplomatie économique : le pari de la valeur ajoutée
L’exécutif veut rompre avec une histoire où la RDC exportait des minerais à faible niveau de transformation. La stratégie présentée à Washington articule infrastructures électriques, partenariats technologiques et incitations douanières afin de faire émerger une filière locale de cathodes de cuivre et de précurseurs de batteries, créatrice d’emplois et de recettes fiscales.
Sécurité : la variable de crédibilité
Si Kinshasa accélère l’axe RDC-USA, elle reste prudente vis-à-vis d’un cadre régional négocié par Washington avec Kigali. Le gouvernement conditionne sa signature à « des avancées sécuritaires substantielles » dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, théâtres de violences récurrentes. Pour les bailleurs privés, la stabilisation durable reste un indicateur déterminant.
Scénarios d’investissement
À court terme, l’accord avec Kobold pourrait aboutir à des forages exploratoires dès l’an prochain. La disponibilité de l’électricité, stimulée par le projet Hydro-Link, ouvrirait la voie à des unités de broyage et de raffinage vers 2029. Si la situation sécuritaire s’améliore, un deuxième cycle d’investissements, estimé à plusieurs milliards de dollars, pourrait suivre.
Regard régional
La future interconnexion Angola-RDC s’inscrit dans une dynamique transfrontalière susceptible de profiter au corridor Lobito et, indirectement, aux ports de Pointe-Noire et de Luanda. En filigrane, elle rappelle que l’intégration énergétique en Afrique centrale reste un puissant levier de compétitivité pour l’ensemble des économies voisines.
Enjeux de gouvernance
Les partenaires américains insistent sur la transparence contractuelle et la traçabilité des minerais. Kinshasa, pour sa part, souligne la nécessité d’un « deal équilibré » qui finance infrastructures sociales et diversification économique. La réussite du forum se mesurera à la capacité des parties à aligner leurs attentes sans retarder la mise en œuvre des projets.
Perspectives
D’ici au prochain forum, prévu à Washington en 2025 selon les services de la Première ministre, la RDC entend finaliser les études de faisabilité énergétique et clarifier le régime fiscal applicable aux nouvelles mines. Les investisseurs, eux, scruteront l’évolution de la conjoncture sécuritaire et la trajectoire du marché mondial des métaux stratégiques.

