Le bloc des BRICS, récemment élargi, a connu un revers diplomatique mardi à Rio de Janeiro, où les ministres des Affaires étrangères réunis n’ont pas réussi à s’accorder sur une déclaration commune. Malgré un consensus général sur la nécessité de condamner le protectionnisme commercial croissant, des divergences internes, notamment sur la réforme de l’ONU, ont empêché l’adoption d’un communiqué officiel.
Une inquiétude partagée face au repli protectionniste
Dans une déclaration publiée par le Brésil, qui assure actuellement la présidence tournante du groupe, les ministres ont exprimé leur « vive préoccupation face à la perspective d’une économie mondiale fragmentée et à l’affaiblissement du multilatéralisme ». Bien que les États-Unis n’aient pas été nommés explicitement, les critiques visaient clairement la politique commerciale unilatérale de l’administration Trump, accusée d’aggraver les tensions économiques mondiales par des hausses de droits de douane.
Le texte dénonce « la montée de mesures protectionnistes unilatérales injustifiées, contraires aux règles de l’OMC », notamment les hausses discriminatoires de droits de douane et les barrières non tarifaires, telles que l’utilisation abusive des normes environnementales à des fins protectionnistes.
Des divisions internes sur la réforme du Conseil de sécurité
Malgré un accord global sur les questions économiques, les membres du groupe se sont divisés sur des sujets institutionnels sensibles. L’Égypte et l’Éthiopie ont refusé de soutenir certains passages plaidant pour une réforme du Conseil de sécurité des Nations unies – une priorité pour le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud – craignant que cela ne favorise excessivement la candidature sud-africaine comme représentant africain permanent.
« L’élargissement du groupe a ses coûts : il faut travailler davantage pour atteindre un consensus. Mais un groupe élargi, c’est aussi plus de poids, plus de ressources, et plus d’espace pour la coopération », a confié une source diplomatique.
Vers un sommet décisif en juillet
Malgré l’absence d’un communiqué officiel, les diplomates brésiliens se sont félicités du « consensus solide sur la nécessité de s’opposer aux obstacles commerciaux injustifiés ». La Chine, particulièrement touchée par les droits de douane américains, aurait plaidé pour un ton plus ferme, selon les négociateurs.
Un sommet des chefs d’État des BRICS est prévu en juillet à Rio. D’ici là, les membres espèrent surmonter leurs divergences et adopter une position commune sur les grands enjeux économiques et géopolitiques.
Ce revers souligne toutefois les défis que pose l’élargissement du groupe, qui réunit désormais onze pays aux intérêts parfois divergents, tout en confirmant sa volonté de jouer un rôle central dans l’ordre économique mondial en mutation.