Alors que le Soudan du Sud est de nouveau menacé par la violence, responsables religieux et fidèles pleurent la disparition du pape François. Figure inlassable de la paix, il avait fait du sort du peuple sud-soudanais une priorité. Son décès ravive les appels à mettre un terme aux conflits et à relancer le dialogue national.
Concrétiser l’ardent désir de paix du pape
À Juba, capitale du Soudan du Sud, l’émotion est immense après la disparition du pape François, survenue lundi à l’âge de 88 ans. Lors d’une messe hommage à la cathédrale Sainte-Thérèse, l’archevêque Séamus Patrick Horgan, représentant diplomatique du Vatican, a exhorté les dirigeants sud-soudanais à honorer l’héritage du souverain pontife en mettant fin au conflit persistant.
« Nous devons concrétiser dans la vie quotidienne du Soudan du Sud son ardent désir de voir une paix véritable et durable », a déclaré l’archevêque, rappelant les mots fermes du pape lors de sa visite historique en 2023 : « Plus de sang versé, plus de conflits, plus de violences. »
Une paix toujours fragile
Malgré l’accord de paix revitalisé signé en 2018, le Soudan du Sud reste sur le fil du rasoir. Début mars, les tensions se sont intensifiées lorsque des forces alliées au vice-président Riek Machar ont affronté l’armée nationale. L’ONU a récemment averti que le pays était « au bord d’une guerre civile à grande échelle ».
Pendant la cérémonie, l’archevêque Horgan a rappelé l’« extraordinaire relation » qui unissait le pape François au peuple sud-soudanais. Le chef de l’État, Salva Kiir, présent à la messe, a salué le pape comme « une icône de paix, de tolérance, de pardon, de réconciliation et d’harmonie ». Toutefois, de nombreux fidèles se sont dits déçus que le président n’ait pas renouvelé publiquement son engagement envers le processus de paix.
Un accord de paix gravement malade
Justin Badi Arama, archevêque de l’Église épiscopale du Soudan du Sud, a lancé un appel urgent au gouvernement : « L’accord de paix revitalisé est gravement malade. Nous devons tout faire pour qu’il ne meure pas. »
De son côté, Mgr Santo Loku Pio, évêque auxiliaire de l’archidiocèse catholique de Juba, a rappelé le geste marquant du pape François en 2019, lorsqu’il avait embrassé les pieds des leaders sud-soudanais au Vatican pour implorer la paix. « Ce geste reste profondément émouvant », a-t-il souligné, déplorant que les dirigeants aient ignoré cet appel à la réconciliation.
La perte d’un « avocat » pour le peuple sud-soudanais
Dans une interview émouvante, le cardinal Stephen Ameyu, archevêque de Juba, a exprimé le choc et la douleur ressentis par le peuple : « Nous avons perdu notre seul avocat, celui qui rappelait sans cesse au monde notre guerre oubliée. »
Il a rappelé l’engagement inlassable du pape, même malade, pour mettre en lumière les souffrances du Soudan du Sud, notamment lors de sa visite de février 2023, aux côtés de responsables anglicans et presbytériens. Sa rencontre poignante avec les personnes déplacées, victimes de guerre et de catastrophes naturelles, reste gravée dans les mémoires.
« Alors que tant de guerres sont ignorées, la nôtre l’était aussi. Mais le pape François ne nous a jamais oubliés », a confié le cardinal Ameyu, saluant « un grand homme » qui a su porter la voix des sans-voix jusqu’à son dernier souffle.
