Alors que les relations avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) se sont considérablement tendues, l’Algérie poursuit le renforcement de ses partenariats avec d’autres puissances africaines. C’est dans ce contexte que s’inscrit la visite du ministre ghanéen des Affaires étrangères, Samuel Okudzeto Ablakwa, à Alger, les 29 et 30 avril derniers, à l’invitation de son homologue algérien, Ahmed Attaf.
Un accord d’exemption de visa en deux phases
À l’issue de cette visite, les deux pays ont signé un accord d’exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques et officiels. Un second accord, en cours de finalisation, prévoit d’étendre cette mesure aux passeports ordinaires. Cette évolution marquerait une étape décisive vers la facilitation des échanges humains et commerciaux entre les deux nations.
Pour les Algériens, cette avancée signifierait l’accès sans visa à l’une des économies les plus dynamiques et stables d’Afrique de l’Ouest. Du côté ghanéen, c’est une opportunité d’intensifier ses relations avec une puissance énergétique du continent.
Une feuille de route bilatérale ambitieuse
Outre la question des visas, la visite a permis d’aboutir à une feuille de route conjointe, couvrant plusieurs secteurs prioritaires. Parmi les actions envisagées figurent l’organisation d’une nouvelle session de la Commission mixte de coopération à Accra d’ici la fin de l’année, l’instauration d’un mécanisme de consultation politique régulier, ainsi que des partenariats dans les domaines de l’enseignement supérieur, de la santé, de l’agriculture, de l’agro-industrie, de la justice, des matériaux de construction ou encore des transports.
Des discussions sont également en cours pour l’ouverture d’une ligne aérienne directe entre Alger et Accra, facilitant encore davantage la mobilité et les opportunités économiques.
Vers une coopération énergétique renforcée
Le Ghana, importateur net de pétrole, a exprimé son intérêt pour un partenariat stratégique avec l’Algérie dans le secteur énergétique, notamment pour l’approvisionnement en gaz naturel. Ce rapprochement s’inscrit dans la logique d’un renforcement de la coopération Sud-Sud, sur fond d’instabilité régionale et de recomposition des alliances africaines.
Une dynamique panafricaine de mobilité
L’initiative d’exemption de visa s’inscrit dans une tendance plus large à travers le continent, visant à favoriser la libre circulation des personnes entre États africains. Elle reflète également une volonté de contourner les obstacles bureaucratiques qui freinent encore les échanges intra-africains, pourtant essentiels à la réussite de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Une convergence diplomatique porteuse d’avenir
Qualifiées de « solides et prometteuses » par le ministre ghanéen, les relations entre Alger et Accra se renforcent sur des bases concrètes. Cette visite marque une étape majeure dans la consolidation d’un axe de coopération Nord-Sud africain, fondé sur des intérêts mutuels, un dialogue franc et une vision partagée du développement.
Dans un contexte géopolitique africain en mutation, l’Algérie mise sur le Ghana comme partenaire de confiance pour diversifier ses alliances, étendre son influence en Afrique subsaharienne, et contribuer à bâtir un continent plus intégré, plus mobile, et économiquement plus interconnecté.
