Le président kényan William Ruto a annoncé un renforcement majeur de la coopération entre le Kenya et la Chine, avec pour objectif d’accélérer la transition verte et la transformation économique du pays. Sa visite d’État de cinq jours en Chine, entamée mardi, marque un pivot stratégique de Nairobi vers Pékin, dans un contexte de recomposition des alliances mondiales et de pressions tarifaires croissantes de la part des partenaires occidentaux.
Au cours de son séjour, le président Ruto a signé un accord d’un milliard de dollars pour financer des projets clés dans le cadre de l’Agenda de Transformation Économique Ascendante du Kenya (BETA), avec des investissements majeurs dans la fabrication, l’agriculture, les énergies renouvelables et le tourisme.
En tant que leader de l’énergie verte dans notre région, nous explorerons les opportunités de partage entre le Kenya et la Chine, notamment le transfert de technologies et l’encouragement des investissements chinois dans les énergies renouvelables.
William Ruto – Président kényan
Priorité à l’énergie verte et aux infrastructures
Le Kenya entend tirer parti de son vaste potentiel en énergies renouvelables — notamment solaire, éolien et géothermique — pour devenir un centre régional de production verte et de technologies durables. Le leadership mondial de la Chine dans la production de panneaux solaires, de véhicules électriques et de technologies vertes ouvre d’importantes perspectives de collaboration.
Les nouveaux accords prévoient plus de 950 millions de dollars investis dans des secteurs prioritaires : 320 millions pour l’industrie manufacturière, 430 millions pour l’agriculture et 230 millions pour des initiatives touristiques. Parmi les principaux partenaires figurent les entreprises chinoises China Wu Yi et Zonken Group, témoignant d’un approfondissement des liens économiques.
Le Kenya ambitionne également de prolonger la ligne ferroviaire à écartement standard (SGR) jusqu’à Malaba et d’accélérer les projets d’autoroutes stratégiques pour l’intégration commerciale régionale. Ces projets s’appuient sur les succès des infrastructures du programme chinois « Belt and Road Initiative » (BRI), telles que l’Expressway de Nairobi et la ligne ferroviaire Mombasa-Nairobi, que Ruto a saluées pour avoir renforcé la connectivité et stimulé la croissance économique.
Un tournant stratégique dans un contexte de réalignement mondial
La visite du président Ruto traduit un changement d’orientation stratégique alors que les relations avec les partenaires occidentaux, notamment les États-Unis, se refroidissent. Après l’imposition par Washington d’un tarif douanier de 10 % plus tôt ce mois-ci et la suspension de financements américains, le Kenya se tourne de plus en plus vers la Chine pour trouver de nouveaux investisseurs et accéder à de nouveaux marchés.
Selon les analystes, ce repositionnement renforce l’influence de la Chine en Afrique de l’Est. « Nairobi n’est pas seulement une option pour la Chine, c’est aussi une porte d’entrée stratégique vers le reste du continent africain », a commenté Adhere Cavince, chercheur en relations internationales basé à Nairobi.
Le recentrage kényan vers Pékin est également illustré par l’annulation d’un contrat européen de 1,3 milliard d’euros pour l’extension d’une autoroute, initialement confié à un consortium mené par Vinci SA, et qui devrait désormais être attribué à un constructeur chinois.
Une vision pour un avenir durable et prospère
Au-delà des infrastructures, Ruto voit dans la coopération avec la Chine un levier clé pour la modernisation agricole, la réduction de la pauvreté et le renforcement du commerce Sud-Sud. Les discussions avec le président Xi Jinping ont également porté sur l’intérêt du Kenya pour rejoindre le groupe des BRICS, renforçant son alignement avec les économies émergentes.
« Cette visite témoigne de l’amitié durable entre nos deux pays et de notre vision commune d’un avenir prospère », a déclaré Ruto lors de son allocution à Pékin.
Avec ces nouveaux accords et un élan accru en faveur des initiatives vertes, le Kenya entend devenir un leader de la transition verte en Afrique — avec la Chine comme partenaire clé de cette trajectoire.